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S’adapter dans ce contexte singulier

La crise sanitaire que nous traversons présente un caractère inédit puisqu’elle nous affecte tous à un niveau aussi personnel que collectif, nous renvoyant à notre vulnérabilité face au danger.
C’est l’occasion de faire preuve d’humilité et de prendre conscience des illusions de la toute puissance de l’homme face à la nature et son environnement. Actuellement, personne n’a de visibilité à court ou moyen terme sur l’issue de la situation. Alors, comment s’adapter à ce contexte singulier ?
 
Le dispositif exceptionnel de confinement donne à beaucoup le sentiment d’être obligé de subir passivement cette situation anxiogène. Il maintient un grand nombre d’individus dans un niveau d’anxiété intense, notamment avec le décompte des décès quotidiens, les débats sur la récession économique, les lieux publics fermés et la diminution des libertés : tant de pertes de repères affectant des gens qui, d’ordinaire, ne requéraient pas de soutien psychologique. La peur d’être contaminé ou de contaminer au sein de la cellule familiale engendre des états de stress, de repli ou de flottement spatiotemporel et existentiel. A cela se rajoute le sentiment d’incertitude grandissant et incessant sur notre devenir.
 
Ces expressions de désarroi sont humaines, et même légitimes. La peur est un mécanisme adaptatif qui nous alerte en cas de danger, la colère nous informe que nos besoins n’ont pas été satisfaits. Mais lorsque le stress intense devient chronique et que les émotions négatives deviennent la nouvelle norme, alors se créent des réactions physiologiques : dérèglement des cycles biologiques, affaiblissement du système immunitaire, dégradation des relations interpersonnelles et le sentiment de perte de contrôle.
 
Ainsi, certaines personnes confrontées à des événements indépendants de leur comportement, avec le sentiment qu’ils n’ont aucune prise sur eux, ont un risque de développer un état dépressif et une diminution de l’estime de soi, résultat d’un sentiment d’impuissance généralisé.
 
Heureusement, il est possible à chacun, à son niveau, d’inverser cette tendance en mettant en place des stratégies d’adaptation au stress ainsi qu’au sentiment de manque de contrôle. En anglais, « faire face », « s’adapter », « surmonter » sont résumés en psychologie par un terme : le coping.
 
Le coping est l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux mis en œuvre par une personne pour gérer des exigences qui excèdent initialement ses ressources. L’enjeu est de réinterpréter nos vies en faisant le bilan de nos compétences personnelles en rapport avec ce nouveau contexte.
 
Il existe trois types de stratégies :
  • Le coping centré sur le problème, qui vise à réduire les exigences de la situation ou à augmenter ses propres ressources pour mieux y faire face. Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, ce sera le cas de celles et ceux qui ressentent un besoin d’accroître leurs connaissances sur l’histoire des épidémies ou encore sur la complexité des phénomènes immunologiques, leur apportant une forme de maîtrise sur le sujet par un éclairage nouveau qui recontextualise la crise sanitaire traversée. Certaines personnes, redoutant une menace directe sur le plan professionnel, vont procéder à une évaluation précise du risque de contagion associée à la nature de leur activité, modélisant les risques encourus par chacun, de manière à identifier d’ores et déjà les options organisationnelles les plus ingénieuses pour y faire face.
 
  • Le coping centré sur l’émotion, qui comprend les tentatives pour réguler les tensions émotionnelles induites par la situation. Les premières semaines de la période de confinement imposée pendant l’épidémie de coronavirus ont bien montré comment de nombreuses personnes maniaient l’humour, ou des émotions comme la compassion ou l’attendrissement, dans des vidéos tantôt hilarantes, tantôt émouvantes diffusées sur les réseaux sociaux. Toute tentative visant à restaurer un sentiment de bien-être, que ce soit par le rire ou toute émotion positive fédératrice, permet de dédramatiser quelque peu le contexte anxiogène ambiant.
 
  • Le coping centré sur le soutien social, qui consiste à obtenir la sympathie et l’aide d’autrui. Certaines personnes y recourent plus facilement que d’autres. Dans ce cas, même à distance, entendre la voix de quelqu’un de compréhensif, vous apaise simplement en entendant s’exprimer vos angoisses. Celui-ci apporte alors une détente rapide en renforçant les liens psychoaffectifs et les sentiments positifs internes.
 
 
Une stratégie de coping sera considérée comme efficace si elle permet à l’individu de maîtriser la situation stressante ou de diminuer son impact sur son bien-être physique et psychique. Il n’y a pas de règle générale permettant de savoir quelle stratégie est la meilleure pour un individu donné, cela dépend de ses propres facultés et ressources.
 
À ce titre les psychologues ont semble-t-il un rôle important à jouer pour aider les individus à gérer au mieux les étapes de cette crise qui affecte tout un chacun avec des impacts plus ou moins graves.
 
Christian RICHOMME
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